La musique, c’est plus ce que c’était

Le 5 juillet 2010

Le musicien et universitaire Laurent Chambon nous livre ses réflexions sur l'évolution récente de la musique sur les supports, les nouveaux outils, la compression de la musique, l'enregistrement en studio... Conclusion ? Ma bonne dame, c'était mieux avant.

Alors qu’il y a encore dix ans je sortais plusieurs fois par mois pour aller danser, ces dernières années mes sorties se sont ralenties. Non pas parce que je suis marié ou que j’ai vieilli (même si c’est vrai qu’on récupère moins bien à 38 ans qu’à 22 et qu’on est moins motivé quand on est casé), mais parce que la musique me gonfle. Sérieusement. Je pensais être devenu une Bitter Queen quand je me suis rendu compte que je n’étais pas le seul, et que de plus en plus de jeunes ne veulent plus aller danser non plus. Même les pédés les plus fêtards se plaignent: non seulement avec l’interdiction du tabac on doit supporter l’odeur corporelle des gens, mais surtout les DJs arrivent à vous ennuyer même quand vous prenez de la drogue (et croyez-moi, à Amsterdam, certaines folles prennent vraiment beaucoup de drogue). Alors?

Je vais probablement recevoir plein de messages de gens qui me diront que je me trompe, que telle soirée est sublime et que je devrais aller me remuer le popotin avec DJ Untel au Club Bidule tellement c’est gé-nial, mais le constat semble hélas partagé: le niveau de la musique qu’on vend et qu’on joue en public a baissé terriblement. J’ai ma théorie, basée sur la pratique de la chose, que je vais vous exposer. Libre à vous de la critiquer, la réfuter ou l’améliorer.

Disco!

La première chose à faire dès qu’on parle de musique et de danse, c’est d’aller écouter de la bonne vieille disco. Car on a tendance à oublier qu’il y a eu certes beaucoup de merdes, mais qu’il y a eu aussi énormément de choses très bonnes et excellemment produites. Ce qui me fascine, outre le fait qu’ils arrivaient à régler tous ces instruments sans ordinateur, ce sont les orchestres: des trombones ici, des flutes là, des violons partout. Ça me rend jaloux et je me sens un peu merdeux face à ces trombones en stéréo. J’adore l’électronique et j’ai grandi avec Oxygène et Radioactivity, mais le son d’un vrai orchestre avec des vrais instruments joués par des musiciens professionnels ça reste très beau et très impressionnant. Surtout si c’est joué fort dans un club où le son est adapté à l’espace et qu’un ingénieur du son a réglé tous les caissons au millimètre: c’est forcément beau et sensuel, qu’on aime ou pas la disco.

Il y a certains disques de la période décadente de la disco qui ont des plages d’une dizaine de minutes, où tout est joué d’une traite, vu que tout est fait à la main, sinon ça ne serait jamais synchronisé comme il faut. Le producteur a été obligé d’écrire les partitions de dix minutes pour chaque instrument, de la batterie à la basse, du violoncelle à chacun des trombones, de l’alto à la flûte traversière. Forcément, ça demande un background musical particulier. Même si on écrit de la merde et que la chanteuse a couché pour y arriver, ce n’est pas donné à n’importe qui de gratter dix minutes de disco sur une portée, de connaître les tessitures de chaque instrument, de trouver les financements pour réunir un orchestre, et de mixer ça en studio avec les instruments électriques, la voix de la diva et les chœurs.

En fait, malgré les ordinateurs et les logiciels époustouflants dont nous disposons maintenant, on ne peut pas dire que la qualité musicale des disques sortis en 2010 soit supérieure à celle des disques sortis il y a trente ans. C’est même plutôt le contraire qui est vrai: les arrangements, le sens du son et de l’espace, les mélodies et le groove sont beaucoup plus riches à la fin des années 1970. Quoiqu’on pense de ce style de musique, on atteint alors une apogée de la qualité sonore et musicale inégalée depuis. Et pourtant, ce n’est pas que je sois réactionnaire: je déteste ces années, tout comme les années 1980 me plongent dans des crises d’angoisse terribles.

Lorsqu’on a commencé l’enregistrement de notre album, « Überlove », avec Lewis, on voulait faire un disque avec les sons qu’on aime, sur lequel on peut danser, et avec des mélodies qu’on pourrait chanter sous la douche. On a fait plusieurs choix dès le début: n’utiliser que des instruments logiciels (on avait un petit appartement et déjà trop de câbles partout), utiliser des sons simples et n’utiliser aucun son d’usine (par snobisme, probablement). On a aussi préféré utiliser notre budget pour voyager et faire des rencontres musicales plutôt qu’investir dans du matériel qu’on ne saurait jamais utiliser. Notre album est entièrement monté dans un programme qui date des années 1990: la plupart des programmes qui sont sortis depuis permettent des choses techniques impensables avant, mais ne permettent pas d’améliorer l’essentiel, c’est à dire la qualité des compositions, le groove des rythmes et la beauté des harmonies. Dit crûment: un nouveau Mac et la nouvelle version de Logic Pro n’allaient pas nous aider à écrire des chansons plus belles. Au contraire même: plus on passe de temps à bidouiller avec un programme, moins on en consacre à améliorer la qualité des compositions. On est restés avec nos programmes simplissimes et on est allés à Paris, en Scandinavie, à Detroit et à Lisbonne faire des chansons et des remixes avec plein de gens différents.

Compression

Avant de finir notre album, nous nous sommes retrouvés avec plusieurs versions de chaque chanson, que nous avons testées en concert et dans les clubs. Et ce qui m’a frappé, c’est que plus on est proche du son d’un orchestre classique, plus c’est beau et clair. Pas trop d’effets, des sons aussi simples que possible, mais situés correctement dans l’espace: des fréquences allant des infra-basses (pour encourager le sentiment religieux) aux sons aigus à peines audibles (pour donner de la dynamique), une utilisation de la stéréo d’autant plus large qu’on monte vers les aigus, et surtout, ne pas trop compresser.

Pour ceux qui ne connaissent pas, la compression est une étape qui permet de rendre audible les parties ayant peu de volume (qu’on risque de ne pas entendre s’il y a du bruit) et de limiter les parties trop fortes (et éviter qu’elles saturent). Pour avoir une idée de la compression utilisée avec excès, pensez aux voix des animateurs de radios FM «jeunes» ou les publicités sur les télévisions commerciales: même le silence est bruyant.

La compression est utilisée par les médias commerciaux pour s’assurer que le niveau sonore reste constant, mais aussi parce que ça donne une impression d’énergie et de puissance que les gens sans culture musicale aiment beaucoup. Moi, ça me fait penser à ces films d’action avec trop de budget: à la vingtième série de voitures qui explosent, l’effet de surprise s’émousse et on finit par bailler. Une musique trop compressée c’est comme un film d’action où il y a trop d’action: au bout d’un moment ça ne fait plus rien.

Dans un bon club, le niveau sonore est tel qu’on peut se permettre de jouer des morceaux peu compressés: quand ce n’est pas fort on l’entend quand même, et quand c’est fort ça ne sature pas forcément.

Comme une belle salle de concert est l’écrin parfait d’un orchestre symphonique, le club est l’endroit idéal pour jouer de la disco, au point qu’on n’a pas trop besoin de compression.

Avec l’arrivée des iPods et leur utilisation de masse, il a fallu changer la façon dont la musique était mixée pour s’adapter à ce nouveau support. Comme on les écoute dans un environnement sonore qu’on ne contrôle pas (la rue, le métro, la nature…), il faut que tout soit suffisamment compressé pour qu’on puisse entendre chaque partie musicale. Il manque donc une chose importante que nous avions avec les chaînes stéréo à papa qu’on écoutait religieusement dans le salon ou avec les clubs: une variation importante du volume sonore.

Le support

Un deuxième facteur important est la qualité du support. J’entends souvent que rien ne remplace le vinyle, que le disque compact c’est froid et moche. Ce n’est pas vrai. Le disque compact permet d’enregistrer en stéréo et avec une quantité d’informations musicales assez impressionnante la plupart des fréquences audibles: si le son est moche, c’est parce que le producteur et l’ingénieur du son ont été nuls, point.

Par contre, un fichier mp3 (ou aac, peu importe) n’offre pas la qualité sonore que peut offrir un CD, pour la simple raison qu’on a enlevé les neuf dixièmes des informations. Certes, on reconnaît la chanson, et avec un mp3 de qualité maximale on entend toutes les fréquences (vous vous souvenez des premiers mp3 qui niquaient les aigus et les basses?), mais ceux qui disent qu’il n’y a aucune différence sonore devraient se déboucher les oreilles.

Quand notre album a été fini, je suis allé en Finlande, à Lappeenranta, pour le mastering. Lappeenranta, c’est une ville paumée en Carélie du Sud, près de la Russie, où le week-end on prend sa voiture pour aller manger un burger dans une cabane (LE resto à hamburgers de la ville) dans la forêt en jouant du hard rock à fond. En semaine on bosse pour l’usine à papier et on s’envoie des textos par Nokia interposés, c’est tout. C’est aussi la capitale du hard rock nordique et russe: tous les métalleux chevelus vont y enregistrer et mixer leur musique. Notre co-producteur y connaissait plein de gens, et notre ingénieur du son n’avait jamais mixé de la pop ni de la house avant nous. Je pense même qu’il n’en avait jamais vraiment trop entendu non plus. Il avait donc une oreille totalement vierge et il nous a pondu un master comme je voulais, et pas comme ce qu’un producteur de house pense que ça devrait sonner.

Le mastering, c’est la dernière étape avec la production du CD, mais elle est très importante: un ingénieur compresse les chansons (dans notre cas, pas trop, donc), égalise les fréquences, corrige les petites distorsions, et s’arrange pour que les chansons soient au même volume. On a passé plusieurs jours à peaufiner ce qu’il avait déjà fait, je l’ai presque fait pleurer à vouloir garder toutes mes infra-basses, même celles qu’on n’entend pas, et il m’a mis des mp3 sur une clé pour que je puisse vérifier. Les jours qui ont suivi, j’ai réécouté nos chansons dans mon iPod, et j’étais à la fois impressionné par son travail (on entendait des instruments qui avaient disparu, les rythmes étaient plus pêchus, la voix de Lewis était vraiment magnifique sur certains morceaux), mais en même temps j’étais déçu. Je ne savais pas trop pourquoi, j’avais une déception qui ne voulait pas partir, et que je n’arrivais pas à identifier.

Le CD est mort mais comment le remplacer ?

Et puis, rentré à Amsterdam, j’ai mis le CD dans ma mini chaîne Sony de salon, juste pour voir, en me disant que de toutes façon avec nos iPods on finirait par ne plus jamais utiliser cette machine, et tout à coup j’ai compris. Dès que j’ai appuyé sur «Play», j’ai retrouvé les volumes sonores sur lesquels on avait travaillé tellement dur, j’entendais à nouveau les petits instruments que j’avais mis partout. J’étais tellement soulagé.

Quand le disque est sorti, j’ai bien sûr été écouter nos chansons sur toutes les plateformes de distribution en ligne. Parfois c’était relativement acceptable (iTunes ne s’en sort pas trop mal), mais parfois c’était du meurtre musical. Non seulement cela rendait nos chansons moches voire désagréables (on n’entend que la voix, les basses ont disparu et les percussions sont irritantes), mais personne ne pouvait soupçonner qu’on ait pu passer tellement de temps à construire quelque chose d’un peu subtil avec des volumes et des centaines de pistes sonores.

Comme je sais exactement de quoi sont faites nos chansons, je peux me permettre de le dire: je ne comprends pas qu’on puisse payer pour des fichiers aussi merdiques.

Le problème, c’est que le CD est sorti au moment où les magasins ont plus ou moins cessé d’en vendre. La première semaine j’ai vu quelques piles de notre disque à la Fnac et au Virgin Mégastore, et puis quand je suis retourné ensuite, la plupart des bacs avaient disparu. À la Fnac, il y avait un présentoir en carton avec des piles de disques de Carla Bruni, une autre pile avec le dernier Madonna, et un bac en désordre caché derrière celui des DVD. J’ai demandé au vendeur s’il avait mon disque: l’ordinateur disait que oui, mais impossible de savoir où il était dans le magasin. «Allez à une autre Fnac, ils savent peut-être encore où sont leurs disques.»

Quelques fans m’ont écrit au même moment: soit le disque vendu en ligne n’est jamais arrivé, soit il est arrivé avec une pochette sérieusement abîmée (alors qu’avec Pierre Marly, le designer, on a passé plusieurs mois à la peaufiner). J’ai fini par leur envoyer des disques moi-même, à mes frais. L’histoire de notre disque compact depuis sa sortie: impossible à trouver dans un magasin, difficile de se le procurer en ligne.

Logic et Auto-tune

Maintenant, pour comprendre pourquoi la plupart des nouvelles musiques nous ennuient, il faut aussi comprendre les outils avec lesquels elles sont fabriquées. Parmi les logiciels les plus utilisés, il y a Logic d’Apple et Auto-tune d’Antares.

Logic, dans sa version Pro est un truc énorme (plus de 50 Go) avec plein de sons en superstéréo, des instruments virtuels à n’en plus finir et des milliers de plugins qu’on peut trouver en ligne. Si vous voulez le son de Black Eyed Peas, il suffit d’acheter le plugin qui a la plupart des sons et des effets, des rythmes pré-programmés par des ingénieurs du son (c’est comme ça que beaucoup payent leur loyer) et des effets tout prêts. Pareil avec le dernier Lady Gaga ou le prochain 50 Cent. Avec quelques heures d’apprentissage, on peut sortir des choses dont le son est du même niveau que ce que vous entendez dans votre iPhone ou sur Spotify. On peut même compresser tout ça et le masteriser de façon standard pour le sortir directement en mp3, plus besoin d’ingénieur du son. Logic permet à un producteur talentueux de réduire les coûts de production au minimum, mais il autorise aussi n’importe qui, même sans talent aucun, à sortir une crotte musicale qui est parfaite au niveau sonore.

Auto-tune, c’est un programme relativement intuitif qui corrige la tonalité des fichiers audio. Sa première utilisation remarquable s’est faite il y a plus de dix ans avec « Believe », le tube du « retour » de Cher. L’eurotrash en a abusé (Eiffel 65 et « Blue »), et puis le hip hop s’y est mis (d’abord avec T-Pain, puis avec Kanye West). C’est un genre, et ça permet aussi de corriger quand la voix est un peu en dehors du ton. Personnellement, je pense que son utilisation ultime et la plus géniale est japonaise, avec le groupe Perfume (パフューム), dont l’idée directrice est d’avoir l’air kawaii (mignone/gentille) et de sonner autant que possible comme un jeu vidéo. Tant qu’à avoir l’air faux, autant y aller à fond, non?

Le problème, c’est que tout le monde s’y est habitué et que c’est devenu plus ou moins obligatoire: dans la série américaine Glee, quand les acteurs se mettent à brailler des reprises pop, les voix sont tellement auto-tunées pour plaire au public qu’on a l’impression que ce sont des robots qui chantent. Moi, ça m’angoisse ces voix plates et hyper dans le ton.

Surtout, Auto-tune modifie vraiment le timbre de la voix. Avant d’aller en Finlande, j’avais eu une crise d’angoisse à propos de Lewis, qui chante très bien et aussi dans le ton, mais qui n’est jamais aussi précis que les filles robotisées de Perfume (duh). J’ai alors passé la nuit à passer sa voix à l’auto-tune. Le résultat était fascinant: on ne le reconnaissait pas, et surtout les chansons étaient terriblement ennuyeuses. J’ai gardé l’auto-tune sur une seule chanson (In My Life), où cela donnait vraiment très bien, mais j’ai jeté le reste.

Je pense que l’autotune a les mêmes conséquences que la compression ou le passage au mp3: c’est super pratique, mais trop souvent ça tue la musique, ça lui enlève sa richesse et sa profondeur.

Retomber amoureux sur le dancefloor ?

La musique a donc subi récemment des transformations majeures: compression des morceaux pour les rendre plus audibles dans les lecteurs mp3, compression des fichiers (mp3 ou aac au lieu d’un wave ou aif) pour stocker dix fois plus de musique, disparition de la distribution grand public des autres formes de support, baisse du coût de production (un coût d’entrée faible implique aussi, hélas, une sélection quasiment nulle), coût de distribution réduit à néant (ce qui permet à n’importe qui de se faire distribuer en ligne) et généralisation des correcteurs de tonalité qui rendent la plupart des vocaux inintéressants.

Bien sûr, il continue d’y avoir des morceaux magnifiques. L’année dernière j’étais tombé amoureux de « We Are the People » d’Empire of the Sun, cette année je tanne tout le monde avec « Tightrope » de Janelle Monáe (j’adore aussi la vidéo où elle danse avec grâce: à partir de la 3ème minute je suis dans l’idolâtrie totale). J’ai réussi à trouver plein de versions improbables de ces chansons, mais la plupart de sont plus disponibles en CD. Je me contente donc d’imaginer le son que ça doit avoir en club, sans jamais les y entendre..

Donc oui, il y a tellement de forces qui permettent de sortir des merdes avec un son pourri que ce n’est pas étonnant que le niveau moyen baisse, qu’on s’ennuie en club et que même avec plein de drogue les folles vont d’une soirée à l’autre à la recherche de chansons desquelles tomber amoureux.

D’ailleurs, maintenant, quand on nous propose d’être DJ dans un club, on nous demande presque à chaque fois de venir avec nos câbles et notre ordinateur: il n’y a presque plus de platines vinyle et très peu de lecteurs CD. Et beaucoup de DJs que je connais se contentent de graver sur CD les mp3 glânés sur le net pour avoir l’air rétro, sans se rendre compte que c’est juste de l’amplification de soupe.

Si vous surprenez des petits jeunes qui se mettent à adorer la house de ma jeunesse ou la disco de mon enfance, quitte à chercher de vinyles ou des disques compacts, ce n’est pas que la jeunesse est devenue ringarde, c’est juste que certains veulent offrir de la nourriture musicale un peu plus noble à leurs oreilles et qu’il n’y a plus d’autre moyens.

« Ah, mes petits, si vous saviez, de mon temps on tombait amoureux d’une musique sur le dancefloor, je vous assure… »

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Billet originellement publié sur Minorités.org par Laurent Chambon, sous le titre “La musique nous gonfle“.

Crédits Photo CC Flickr : Rolling Stone 2009 (couv), Maxw, Danielle Blue, Ayton & D-Kav.

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