OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Ben Ali en Seine http://owni.fr/2011/06/20/ben-ali-en-seine/ http://owni.fr/2011/06/20/ben-ali-en-seine/#comments Mon, 20 Jun 2011 13:16:27 +0000 Guillaume Dasquié http://owni.fr/?p=70881 La Section antiterroriste de la Brigade criminelle de Paris enquête sur une ténébreuse affaire de pressions contre un avocat, et de menaces de mort, susceptible d’avoir été coordonnée depuis l’immeuble du 36 rue Botzaris. C’est-à-dire le bâtiment parisien considéré comme le quartier général français des activités criminelles du RCD, le parti de l’ex dictateur Ben Ali, objet de tant de rebondissements diplomatico-policiers ces derniers jours.

Ces découvertes judiciaires permettent peu à peu d’envisager l’importance des réseaux occultes de Ben Ali à Paris, lesquels ne semblent pas avoir disparu avec la fin de la dictature. Les investigations qui remontent jusqu’à la rue Botzaris interviennent dans le cadre d’une information judiciaire ouverte le 21 octobre 2010 par la juge Michèle Ganascia. Celle-ci s’intéresse à un homme de 32 ans soupçonné d’être à l’origine de menaces de mort contre l’avocat Thibault de Montbrial.

Le dossier judiciaire, révélé par OWNI, a déjà permis d’établir des relations entre ces menaces de mort et les intérêts d’un influent négociant tunisien défendu par Me de Montbrial. Il s’agit de Ghazi Mellouli, qui travaillait autrefois aux côtés d’Habib Ben Ali, alias Moncef, frère aîné du président Ben Ali.

Organigrammes et réseaux parisiens

Après quelques années d’une coopération étroite à l’intérieur du sérail tunisien, Ghazi Mellouli était tombé en disgrâce et avait perdu du jour au lendemain plusieurs activités commerciales, au profit de rivaux, les Trabelsi. Du nom de la dernière épouse de Ben Ali, qui avait réparti les principaux schémas de corruption étatique entre ses frères, en prenant soin d’évincer les autres courtisans.

Déterminé à faire valoir ses droits, Ghazi Mellouli a demandé à Thibault de Montbrial de le défendre contre les Trabelsi. Et à écouter le récit de cet homme d’affaires tunisien, sa détermination à retrouver ses biens lui aurait déjà valu une tentative d’assassinat au couteau, perpétrée le 18 novembre 2009 – un épisode confirmé par une enquête du Monde.

Lors d’entretiens avec OWNI, au mois d’avril dernier, Ghazi Mellouli avait estimé que les menaces de mort adressées à l’avocat Thibault de Montbrial étaient le prolongement “évident” des attaques qu’il avait déjà subies. Et selon lui, ces dernières étaient toutes coordonnées par un réseau tunisien, mi-mafia mi-service secret, émanant directement du RCD (le parti de Ben Ali) et dont la rue Botzaris contrôlait les faits et gestes sur le territoire français.

Dans le courant du mois d’avril, un proche de Ghazi Mellouli aurait apporté plusieurs organigrammes aux policiers décrivant les activités de ce réseau et le rôle joué par une association installée au 36 rue Botzaris. Il y a deux semaines, le parquet de Paris nous a indiqué que l’affaire était suivie par la Section antiterroriste de la Brigade criminelle de Paris.

Retrouvez notre dossier sur les réseaux du RCD et Botzaris 36:

Bataille pour les archives parisiennes de Ben Ali

Botzaris, territoire annexé par l’ambassade


Crédits photo: Illustration CC Elsa Secco pour OWNI, stewartmorris

Image de Une CC Elsa Secco pour OWNI

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Un avocat parisien menacé par le clan Ben Ali http://owni.fr/2011/03/24/un-avocat-parisien-menace-par-le-clan-ben-ali-trabelsi-montbrial/ http://owni.fr/2011/03/24/un-avocat-parisien-menace-par-le-clan-ben-ali-trabelsi-montbrial/#comments Thu, 24 Mar 2011 17:50:53 +0000 Guillaume Dasquié http://owni.fr/?p=53144 Selon des sources proches du procureur de la République de Paris, une information judiciaire est en cours au sujet de menaces de mort visant l’avocat parisien Thibault de Montbrial, en raison des dossiers tunisiens qu’il a défendus. Des rapports et des procès-verbaux de la Direction de la police judiciaire, consultés par OWNI, montrent que la Brigade criminelle enquête depuis plusieurs mois et soupçonne des proches du clan Ben Ali.

Les menaces remontent au 15 octobre 2010, quelques mois avant la chute de Ben Ali à Tunis. Prises manifestement très au sérieux par le parquet, elles ont entraîné l’ouverture d’une information judiciaire, le 21 octobre, confiée à la juge Michèle Ganascia. Une chronologie confirmée par l’avocat Pierre-Olivier Sur, chargé de représenter son collègue dans ce dossier :

C’est rarissime et c’est du sérieux. Thibault de Montbrial a fait l’objet d’une longue surveillance avant de recevoir ces menaces. Plusieurs témoins les ont détaillées. D’ailleurs, à la demande de la juge, un suspect est incarcéré depuis plusieurs mois.

Selon les procès-verbaux établis par la Brigade criminelle, ce suspect s’appelle Karim Mahjoubi. À en croire les différents témoignages recueillis, l’homme s’est posté face à l’avocat et a mimé un égorgement avec le tranchant de la main, après l’avoir attendu ostensiblement au pied de son immeuble durant plusieurs jours.

Interpellé et placé en détention provisoire, il a réfuté l’ensemble des griefs. L’enquête a cependant révélé plusieurs contradictions dans ses dépositions et a montré qu’il utilisait diverses identités, au moins six autres. Les policiers ont aussi établi qu’il profitait d’une véritable logistique lors de sa surveillance du cabinet de l’avocat parisien.

Motif des menaces ? La défense d’un homme d’affaires en disgrâce

Thibault de Montbrial (par ailleurs avocat d’un des salariés de Renault accusé à tort d’espionnage) a estimé que ces menaces pourraient être la conséquence de sa défense de l’homme d’affaire tunisien Ghazi Mellouli. Autrefois proche de la famille Trabelsi – du nom de l’épouse du dictateur – ce négociant a connu des aventures plutôt violentes après être tombé en disgrâce à la fin des années 90. Face aux enquêteurs, Me de Montbrial a livré les explications suivantes :

Mellouli reçoit des menaces de violences physiques (enlèvement et sévices) depuis septembre 2010 sur son téléphone portable, de numéros tunisiens (…) Pour bien comprendre la pression qui s’exerce autour de la personne de M. Mellouli, je vous précise que jusqu’à la fin des années 1990, il était en affaire avec l’un des membres les plus puissants de la famille Trabelsi (Moncef Trabelsi), et donc très proche du pouvoir. Ce proche associé a ensuite été retrouvé mort dans des conditions mystérieuses et de ce que j’ai compris de son histoire, Ghazi Mellouli s’est alors fait persécuter par le pouvoir tunisien, qui l’a ruiné et fait emprisonner pendant trois ans.

Pour l’avocat parisien, son client connaît intimement les dessous de la dictature tunisienne, susceptibles d’éclabousser plusieurs personnalités. Les menaces de M. Mahjoubi viseraient donc à le faire renoncer à défendre ce client.

À Paris, une structure clandestine pour les affaires du clan Ben Ali

Leïla Trabelsi Ben Ali

Lors d’un entretien, Ghazi Mellouli nous a expliqué comment l’appareil d’état tunisien avait entretenu à Paris, jusqu’en 2010, une structure chargée d’assister les affaires du clan Ben Ali en recourant à des organisations relevant du grand banditisme. À l’occasion, elles étaient aussi sollicitées pour des opérations d’intimidation.

À Tunis, plusieurs personnalités nous ont assuré que l’existence de telles pratiques était prise très au sérieux – notamment par des avocats membres du Comité de lutte contre la corruption, qui enquête sur les années de dictature. Sur place, nous avons également rencontré un entrepreneur du bâtiment à l’origine d’une des premières procédures pénales pour racket et corruption visant nommément cette même famille Trabelsi, sur la base d’une plainte déposée devant la Cour de Tunis.

Dans cette procédure, Fathi Dammak accuse Belhassen Trabelsi d’avoir tenté de le racketter puis d’avoir organisé l’enlèvement de son fils de 14 ans pour le contraindre à verser des pot-de-vin sur un marché immobilier. Les documents dont nous avons obtenu copie donnent crédit à sa version des faits. Réfugié au Canada depuis la chute de Ben Ali, Belhassen Trabelsi n’a pas indiqué s’il comptait se défendre devant les tribunaux tunisiens.

Crédit Photo FlickR CC : Abode of Chaos // Wikimedia Commons

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